(critique ciné) "Le ciel attendra" de Marie-Castille Mention-Schaar
mercredi, octobre 05, 2016Aujourd'hui, je laisse le blog à Sandrine...
"Je suis
allée assister à l’avant-première du film Le Ciel attendra,
suivi d’un débat avec la réalisatrice Marie-Castille
Mention-Schaar, et les deux actrices principales.
L'histoire de film
Sonia,
17 ans, a failli commettre l'irréparable pour "garantir" à
sa famille une place au paradis. Mélanie, 16 ans, vit avec sa mère,
aime l'école et ses copines, joue du violoncelle et veut changer le
monde. Elle tombe amoureuse d'un "prince" sur internet.
Elles pourraient s'appeler Anaïs, Manon, Leila ou Clara, et comme
elles, croiser un jour la route de l'embrigadement…
Pourraient-elles en revenir?
La
réalisatrice Marie-Castille Mention-Schaar nous raconte l’histoire
de deux lycéennes amenées à subir les rouages de l’embrigadement.
Sujet ô combien sensible. Pour l’anecdote, le film a commencé son
tournage le 16 novembre 2015… 3 jours après les attentats du
Bataclan.
Nous
suivons l’histoire de Mélanie, 16 ans, qui vit avec sa mère, aime
l'école et ses copines. Et Sonia, 17 ans, une rêveuse heureuse auprès de ses parents
et de sa petite sœur. Deux filles bien en apparence mais qui vont
tomber dans les griffes des rabatteurs de Daesh. L'une va partir en
Syrie, l'autre va être arrêter à temps avant de commettre un
attentat. Dans les deux cas, des parents aimants mais désespérés
ne pas avoir vu le piège se refermer sur leur enfant.
Pour
mieux comprendre les raisons qui poussent les jeunes dans cet
embrigadement, Marie-Castille Mention-Schaar s’est fait aider par
Dounia Bouzar, une jeune femme partie en Syrie rejoindre Daech, qui
en est revenue et qui est désormais directrice du Centre de
prévention contre les dérives sectaires liées à l'islam (CPDSI).
Le
film tisse sa toile et nous montre à travers le destin des deux
jeunes filles comment le piège peut se refermer sur des personnes
qui semblaient heureuses et ne manquaient de rien. L’une va
parcourir un chemin long et difficile pour reprendre pied. L’autre
va continuer à s’enfoncer inexorablement dans sa radicalisation.
C’est
un film fort, émouvant. Il y a des passages du film où je me disais
là, j’aurai pu me faire avoir. Et cette pensée m’a glacée
d’effroi. Quand le générique de fin est apparu, j’avais les
yeux embués. Je suis maman, et je n’ai pas pu m’empêcher de me
mettre dans la peau de ces deux mamans, Catherine et Sylvie. J’ai
ressenti leur souffrance, leur côté démuni face à la tragédie.
Comme elles, je n’arrive pas à comprendre comment leur enfant peut
prendre la décision de partir, même avec l’amour d’un foyer.
Ce que
j’ai appris dans ce film m’a effrayé. Ce n’est pas mon
univers. Donc oui, c’est naïvement que je suis tombée des nues en
voyant les méthodes de lavage de cerveaux et la manière dont on
manipule ces jeunes. La peur, la culpabilité, la colère, la quête
d’une vie meilleure, des menaces, des mensonges. Tout ça dans un
seul but, effacer l’individu petit à petit. Je me suis laissée
vraiment happée. On rentre dans l’intimité des personnages, on
s’identifie. On est touché par les images, par les dialogues.
C’est un film très réaliste, et pourrait bien effrayer. D’autant
plus que nous sommes dans une conjoncture assez tendue (les
différents attentats qui ont touchés la France et d’autres pays).
Le
danger existe, et personne n’est à l’abri. Je pense qu’il est
important de le garder en tête. J’ai aimé quand Yvan Atal disait
que l’on apprend à nos enfants à ne pas parler aux inconnus, à
ne pas monter dans leur voiture, que nous sommes là pour eux, et que
nous les aimons. L’actrice Naomi Amarger qui joue le rôle de Melanie pensait que cela ne touchait que des jeunes paumés venant de milieux
défavorisés. En fait cela touche toutes les classes sociales.
Sandrine
Bonnaire joue la mère désemparée mais fait preuve d’une force
pour sauver sa fille. On découvre aussi la pudeur de l’acteur
Zinedine Soualem qui joue le père inquiet et honteux, mais qui aime
profondément sa fille. Les actrices présentes pendant le débat,
Noémie Merlant qui joue le rôle de Sonia Bouzaria et Naomi Amarger
qui joue le rôle de Mélanie Thenot étaient magnifiques. Elles sont
poignantes, elles m’ont touchée. La réalisatrice Marie-Castille
Mention-Schaar s’est concentrée sur les jeunes au plus près de
cet embrigadement et elle a réussi parfaitement son œuvre.
Le
ciel attendra, est un film difficile. Il est néanmoins nécessaire
d’aller le voir et d’en discuter. Il serait même un excellent
outil de prévention qui pourrait être utilisé dans les écoles."
Sortie
le 5/10
3 commentaires
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerEuh, je ne voudrais pas dire de bêtise, mais je suis presque sûre que Dounia Bouzar n'est jamais partie en Syrie.
RépondreSupprimerD'ailleurs tout ses livres sur le sujet de l'embrigadement des jeunes sont très très intéressants ! Et le film est en haut de la liste des films que je veux voir !!
Je me renseigne
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